Lomé, la capitale togolaise, reprend progressivement son souffle après plusieurs jours de manifestations marquées par des tensions et des violences dans certains quartiers. Alors que la vie reprend son cours normal dans le centre-ville et les zones affectées, des acteurs politiques à savoir gouvernement, partis politiques et la société civile n’ont pas tardé à se faire entendre. Des réactions qui révèlent de profondes fractures d’une société en quête de stabilité.
Dans un communiqué publié dimanche 29 juin, le gouvernement togolais reste dans sa logique, il qualifie ces manifestations de « campagne de désinformation et de haine » fomentée depuis l’extérieur du pays. Il pointe du doigt principalement des activistes et influenceurs résidant à l’étranger d’avoir lancé des appels à la violence et à l’incivisme via les réseaux sociaux et certains médias, avec le soutien de « quelques acteurs politiques et de la société civile » togolais. Selon les autorités, ces appels ont entraîné des actes de vandalisme, des destructions de biens publics et privés ainsi que des agressions contre des personnes, notamment les 26, 27 et 28 juin dans plusieurs quartiers de Lomé. Le gouvernement se réjouit de l’intervention rapide et « professionnelle » des forces de l’ordre qui ont permis de contenir la situation, remerciant au passage les populations pour leur « civisme » et leur contribution au maintien de la paix.
Des interpellations ont eu lieu, incluant, selon le communiqué, des individus de nationalité étrangère ayant pénétré illégalement sur le territoire. Par ailleurs, les autorités ont promis des poursuites judiciaires contre les instigateurs présumés des troubles, notamment ceux impliqués dans la diffusion de contenus incitant à la haine et à la sédition.
En réponse à la répression des manifestations, les députés de l’opposition de l’Alliance des Démocrates pour le Développement Intégral (ADDI) et de la Dynamique pour la Majorité du Peuple (DMP) ont annoncé le boycott de la séance plénière de clôture de la première session ordinaire de l’année du lundi 30 juin. Dans une lettre adressée au président de l’Assemblée nationale, ils dénoncent la répression « brutale » des mobilisations citoyennes et remettent en question la légitimité de la convocation d’une telle séance dans le contexte actuel.
De leur côté, les Organisations de la Société Civile (OSC) et Organisations de Défense des Droits de l’Homme (ODDH) ont tenu une conférence de presse à Lomé, où elles ont condamné les violences exercées par les forces de sécurité et des miliciens présumés. Elles exigent la vérité et la justice pour les victimes, la libération immédiate des personnes arrêtées, ainsi qu’une fin sans condition des violences d’État et de l’impunité.

Les partis d’opposition tels que les Forces Démocratiques pour la République (FDR) et l’Alliance Nationale pour le Changement (ANC) ont également élevé la voix contre ce qu’ils qualifient de répression « aveugle » et « meurtrière », saluant le courage et la détermination de la jeunesse togolaise, qu’ils considèrent désormais comme le cœur battant de la contestation nationale.
Après plusieurs jours de paralysie, notamment dans les quartiers comme Bè-Kpéhenou, Adakpamé ou encore le secteur du grand marché, les activités économiques et sociales ont repris ce lundi. À Adakpamé, point névralgique pour le transit vers le nord du pays, les commerçants ont rouvert leurs boutiques, et les transporteurs ont repris du service. Cependant, le climat reste tendu : sous un ciel orageux…
la rédaction